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La surconsommation, comment je me suis sortie de ce fléau du 21ème siècle?

Cette semaine, j’ai, pour la première fois depuis des mois, regardé les informations à la télévision. On va dire que ce n’est pas une de mes activités préférées, pour autant il s’y passe parfois des choses assez intéressantes. Notamment ce jour-ci, il y avait un reportage sur la potentielle construction d’un entrepôt XXL d’Amazon au Sud de Nantes. Très clairement j’associe la surconsommation, ce fléau de notre quotidien, avec des géants comme Amazon. Bien sûr c’est potentiellement un biais de ma part. Pour autant je suis persuadée que la consommation est une construction sociale. Et d’après ce que je constate, une construction dont on se serait peut-être bien passé. J’exagère sur ce point, ceci étant dit.

Petit historique d’une consommation pas si naturelle

Alors, oui, j’ai toujours voulu être prof d’histoire, j’espère donc que vous m’excuserez pour ce petit paragraphe qui me permet d’accomplir ce rêve l’espace d’un instant.

Je ne suis pas sûre de savoir à quand remonte exactement le début de la consommation, au sens de société de consommation, exactement. J’ai en tête ces années de l’après guerre, les années 50 et surtout 60, où, pour 1/ rebâtir les pays, et 2/ échapper à la morosité du souvenir de la guerre et des horreurs perpétuées, les citoyens des républiques flambantes neuves de l’ouest, se sont évertués à activer les chaînes de productions. Je ne saurais dire pourquoi j’ai été tant marquée par les publicités Moulinex des années 60… mais il y a des génies en sciences comportementales. Bien sûr, je devais avoir 15 ou 16 ans, et je me souviens avoir pensé : personne n’achèterait plus aujourd’hui avec ces arguments. Et l’horreur de cette pensée m’avait saisi : on a tellement complexifié la notion d’achat qu’il faut d’imbriquer de plus en plus dans le système de nos neurones pour nous engager à la dépense. La notion de superflu s’est en plus installée, à grand renfort de « il faut se faire plaisir » et « l’argent est fait pour être dépensé ».

Le côté artificiel des arguments d’antan mettait d’autant plus en valeur la subtilité de ceux d’aujourd’hui, pourtant pour servir le même grand but final. Alors certes, je suis consciente que ces décennies nous ont apporté une connaissance de nous-mêmes probablement jamais égalée jusqu’à présent. Pourtant, déconstruire les chaînes de manipulation prend un temps monstrueux, et l’instrumentalisation qui se cache derrière est… abjecte. Je n’ai pas d’autre mot.

Quelles perspectives pour la surconsommation?

Après ce bilan peu glorieux, malgré les Trentes, aujourd’hui, la question de construire un énième entrepôt Amazon, pour recevoir son colis en moins de 24h, me laisse sceptique. Je trouve drôle d’écouter les arguments : ça créé des emplois, ça va dynamiser la région… Comment peut-on voir de manière aussi stupide les emplois créés sans voir ceux qui sont détruits? Bref, je m’égare car là n’est pas du tout où je veux en venir. Mon point est, que depuis que la vente en ligne a fait son apparition, on a perdu le rapport physique qu’on avait avec la consommation. Je trouve le phénomène assez similaire à celui de la dématérialisation de l’argent. Dématérialiser la consommation, c’est en quelque sorte couper le cordon du rationnel. Et quand on parle d’irrationnel, je pense qu’il faut un certain niveau d’éducation et de communication pour garder un rapport honnête entre les choses et les gens.

Or le constat qu’on peut faire sur les comportements d’achats en ligne ne vont pas dans ce sens. Car tout est mis en place pour permettre aux gens de dépenser : paiements en plusieurs fois, crédits facile à obtenir une fois à « la caisse ». Toute la dimension virtuelle implique qu’on achète de manière impalpable, avec de l’argent impalpable un objet palpable. L’équilibre n’est pas là car il ne fait nullement appel au raisonnable. Ce n’est peut-être pas le but me direz-vous… Et vous aurez peut-être raison, je ne peux pas en juger. Cependant, ça réveille en moi une forme de malaise.

Je me demande souvent si ce n’est que moi, où si c’est normal de voir quelque chose, de le commander, qu’il arrive le soir même pour répondre à ce besoin d’instantané. J’entends qu’il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de pouvoir répondre à ses besoins de manière aussi rapide. Il s’y trouve une forme de sécurité. Pour autant il y a une coupure entre l’appréciation du désir et du besoin que je trouve dangereuse.

Repenser la différence entre désir et besoin : la solution ?

Je parlais de danger à l’instant, car pour moi il y en a dans ces formes de consommations qui déconnectent nos besoins, nos réels besoins de nos désirs. Cette perte de connexion correspond à mon sens à la perte de contrôle qu’on a sur la réponse à nos besoins.

Toutes ces questions et observations me sont venues d’après les constats de ma propre expérience. Je n’ai pu qu’observer à quel point nos comportements peuvent se transformer rapidement. Seulement, à l’aube du premier confinement, et désormais au milieu du second confinement, j’ai senti à quel point ce n’était pas la bonne voie. A quel point j’allais devoir repenser et déconstruire plusieurs comportements, heureusement pour moi ancrés seulement depuis quelques années.

Pour repenser la différence entre désir et besoin au beau milieu de cette surconsommation, j’ai utilisé le premier confinement pour couper. Tout était fermé, je ne sortais pas de chez moi. J’ai arrêté d’acheter à tout va. Des livres, des plantes, des fleurs de la déco, des habits… C’était drastique, et nécessaire. Ensuite j’ai pris le temps de me reconnecter à ce dont j’avais envie, ce qui pouvait attendre, ce dont j’avais besoin.

Alors oui, j’ai besoin d’acheter des oeufs pour manger. Ou j’ai besoin de ces chaussures de rando, si je vais randonner. Mais non, je n’ai pas besoin de cette 50ème robe, oui même si elle est très très très jolie, et que j’y pense la nuit. En fait à force de répondre sans cesse à mes envies dans l’immédiat, je les avais transformées en besoin. Il me faut ça. Et sinon quoi, tu vas mourir?

L’influence du minimalisme

Cette force du désir, quand il est adressé tout de suite est implacable. Ca me fait penser parfois à certains mécanismes d’addiction : quand on commence à y répondre, ça déclenche quelque chose dans le cerveau qui en demande toujours plus. Il faut toujours plus satisfaire ses désirs, jusqu’à saturation, faillite, ou mort. Je sais que ce n’est pas un sujet très joyeux, et je ne suis pas très familière de ce phénomène d’addiction. Pour autant, j’ai trouvé qu’en détournant mon esprit de ses désirs de consommation, au moins pour un temps, alors l’envie s’estompait. Elle redevenait contrôlable. Peut-être que tout cela est effectivement une histoire de contrôle. Et perdre le contrôle peut être terrifiant.

Que vient faire le minimalisme dans mon sujet de surconsommation dans ce cas? Et bien ça a été pour moi la distraction ultime de l’esprit. Bon, ça, et le confinement, et perdre la vision de l’avenir… Quelle période! Et justement, dans cette période pleine d’insécurités et de grandes questions, j’ai trouvé un certain repos dans la philosophie minimaliste. J’en ai déjà parlé en interrogeant le lien entre le minimalisme et la liberté. Je pense qu’on pourra en discuter, il faudrait un peu plus de temps, mais mon idée principale dans cette distraction, c’était de nourrir mon esprit, pas ma garde robe. Reprendre contrôle sur ce qui occupe mes pensées. Regagner le contrôle de mon circuit de consommation, rationaliser l’achat raisonnable et celui qui échappe à ma vigilance.

Je détaillerai dans un prochain article plus pratico pratique les micro-décisions et grandes transformations que j’ai pu mettre en place ces 8 derniers mois pour petit à petit me sentir moins embourbée dans ma consommation. Quand je parle de rationalisme en tout cas, j’ai principalement en tête de déconstruire les schémas qu’on pu placer dans ma tête des entreprises comme Amazon. Je ne tiens pas particulièrement à trouver normal de recevoir mon livre le soir même alors que je l’ai commandé ce matin. C’est un concept pratique quand il y a une urgence, je le comprends bien. Mais dans ma vie, au quotidien, il y a peu d’urgence, et c’est important que je m’en souvienne. Reprendre le temps d’attendre en commandant un livre, reprendre le temps d’attendre s’il n’y a plus de stock dans le magasin à côté de chez moi. Reprendre l’habitude d’aller à la bibliothèque, ou d’emprunter à mes amies. Toutes ces habitudes d’avant, avant que je ne gagne de l’argent. Avant que « me simplifier la vie » devienne « perdre le contrôle ».

De l’origine de la surconsommation, jusqu’à l’abonnement à la bibliothèque, en passant par la dématérialisation, le désir et le minimalisme… j’ai bien conscience que cet article est long et je le souhaite aussi peu décousu et aussi utile que possible.

N’hésitez pas à me partager vos points de vue sur le sujet, je serai très intéressée de vous lire !

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