Emménager seule il y a quelques mois a sûrement été la chose la plus difficile et merveilleuse qui me soit arrivée. Le sentiment de solitude est ambigu.
Je pensais très naïvement que ce serait l’occasion d’un nouveau départ, de la découverte de ma liberté. On ne m’avait pas prévenue qu’il faudrait de nombreux mois et autant de remises en question pour commencer à entrevoir ne serait-ce qu’un peu de lumière au bout du tunnel.
Le chemin de la guérison est long et le chemin de la découverte de soi encore plus. Apprendre à être seule, à apprécier la solitude demande une énergie quotidienne. Encore plus que l’énergie dépensée pour apprendre à vivre à deux à mon sens, car cette énergie est partagée.
Jusqu’à présent je n’avais pas vécu seule, ou si peu. Entre la colloc et le couple, les années se sont enchaînées. J’appréhendais autant que j’attendais ce déménagement il y a quelques mois. Il y a eu différentes phases. L’acceptation, la découverte, la construction, l’évolution… Ces derniers mois font partie des plus riches qu’il m’ait été donné de vivre.
La vague
J’ai, je crois, cru à un moment que ça allait être plus fort que moi. Comme une vague. Je l’ai vue m’engloutir et puis elle m’a bercée. Une des choses qui est apparue au cours de cette période, c’est le changement. Il n’y a pas de changement radical d’une personne. Il y a juste la volonté, de vouloir faire les choses différemment. Cette solitude était là pour ouvrir de nouvelles portes de compréhension sur la personne que je suis, et surtout celle que je veux être. Ce chemin là, il est encore plus long en fait.
Ma naïveté elle ne voulait pas le croire. Pourtant c’est sûr maintenant, on ne change pas. Pas dans ce sens là. Pas dans le sens où tu deviens une nouvelle personne. Non en revanche on apprivoise ou on réétudie des aspects de sa personnalité. Ce qui constituait le toi d’avant. Ce qui a pu être oublié, mis de côté. Par inadvertance, par ennui, par choix.
Faire face à la solitude, c’était aussi embrasser la névrose. La peur. Celle qui te dévore. On est loin de la vague qui se calme, on est en plein dans l’ombre noire qui t’embrasse. Celle dans laquelle tu as peur de tomber mais une partie de toi veut aller explorer, voir ce qu’il s’y passe, comment les choses sont là-bas.

Se réinventer
C’est aussi se redécouvrir et puis commencer à renaître. Re-fusionner avec l’enfant, l’ado, l’adulte qui fait partie de toi. Trouver sa voix. En fait c’est plutôt l’idée de renouer avec le pré-existant qui fait sa place. Parce que ce que tu connais de toi, c’est comme ancré. C’est juste si simple à ignorer. On est fort pour ça, monter des barrières et faire comme si tout allait bien. Picture perfect. Pourtant face à ce changement d’environnement aussi drastique et déstabilisant, se réinventer apparaît comme une option raisonnable. Réinventer à partir du penser mais modifier sa manière de concevoir la vie, les interactions.
Peut-être que le moi en tant que personne n’a pas changé en soi. Le reste du système quant à lui… Je vois cette capacité de la femme et de l’homme à se réinventer comme la seule possibilité d’avancer. Ne pas se morfondre, ni se plaindre. Je crois qui n’y a pas de chose dont j’aurais plus honte que de larmoyer pendant des années. Sûrement parce que mon naturel trouve ça plus simple de trouver des solutions. Bon cela créé des contre-problèmes puisque c’est du difficile de s’ouvrir à l’autre par rapport à ses problèmes mais on en reparlera. Quand le système se transforme, quand l’environnement évolue, c’est au soi de s’adapter.
La renaissance
C’est ça, le changement du système, c’est l’acceptation de la solitude comme nouvelle base du système. Cette acceptation, c’est ce qui permet de ne pas se détruire, en ne voulant pas comprendre et appréhender d’une manière nouvelle l’univers. Avec l’acceptation, le but est simplement de continuer à fonctionner en prenant en compte le changement. Alors oui c’est violent. Ca peut l’être. Ca dépend de ton contexte.